La
littérature sur la Première guerre mondiale pour notre région est
assez disparate. Si de nombreux ouvrages sont publiés au sortir de
la guerre, ils sont avant tous des ouvrages hagiographiques, destinés
à conserver la mémoire des valeureux combatants qui ont perdu la
vie lors de cette déflagration mondiale. Les ouvrages d'historiens
sur la conditions des comtois durant cette épreuve sont extrêmement
rares. Certes la Comté ne fut pas, mis à part le Territoire de
Belfort, une terre de conflit. (Petit rappel, concernant le
Territoire de Belfort, il ne rejoint la Franche-Comté qu'en 1960).
Elle est pourtant aux premières lignes, surtout par son industrie
sensible. Alors que l'économie toute
entière se met progressivement au service de la guerre, d’autant
plus qu’en France, les départements du Nord industrialisé sont
occupés par les Allemands : alors que la guerre s’enlise dans
les tranchées, il faut transformer les usines en fabriques
d’armement, dans lesquelles les femmes remplacent en partie les
hommes partis au front, aux côtés des ouvriers qualifiés que l’on
fait revenir dès 1915. Qu'en est il dans les départements comtois ?
Avec, Peugeot et japy, notre région est au premier plan dans la
transformation industrielle de guerre.
La
Franche-comté devient, alors, une terre de migration. Notre
province fait partie des zones dites “de grandes levées”, selon
l’historien Philippe Boulanger, c’est-à-dire des régions qui
ont contribué plus que d’autres, au service militaire obligatoire
pendant toute la durée de la guerre.
Pour
faire face à la mobilisation de leurs ouvriers, les entreprises
comtoises font appel à une main d’œuvre étrangère. C'est ainsi
que de nombreux ouvriers arrivent de Chine ou du Canada.
Elle
subit également une autre migration, celle des réfugiés fuyant les
zones de combats. On peut évaluer le nombre des réfugiés présents
dans le département du Doubs en septembre 1918, dans une fourchette
comprise entre 2500 et 5000 personnes. Dans son ouvrage extrêmement
bien illustré de documents anciens issus de collections privées et
publiques, Jean-claude Barbeaux, s'attache avec le talent de conteur
que nous lui connaissons, à retracer cette période douloureuse.
Après une première partie qui dresse le portrait de notre région
en 1914, il s'attarde avec pertinente sur le rôle primordiale de
l'aviation lors de cette guerre. Après un chapitre sur l'industrie,
la migration, notre auteur termine son ouvrage en rendant hommage à
quelques comtois qui se sont particulièrement illustés. Saviez vous
que le premier mort de cette tragédie était Le Caporal Jules-André
Peugeot, et que le soldat qui sonna l'armistice fut le sergent Pierre
Seillier, natif de Beaucourt?
Dans
quelques jours nous célébrerons le 96ème anniversaire de
l'armistice de 1918, cet ouvrage est la plus intelligente façon de
se replonger dans le chaos qui changea la face de notre vieux
continent.
La
Franche-Comté pendant la Grande Guerre par Jean-Claude Barbeaux. -
Editions Sutton, 2014. - 160 p. - 23 euros.
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