"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

vendredi 23 janvier 2015

Comment les comtois ont-ils traversé la guerre 1914-1918 ?


La littérature sur la Première guerre mondiale pour notre région est assez disparate. Si de nombreux ouvrages sont publiés au sortir de la guerre, ils sont avant tous des ouvrages hagiographiques, destinés à conserver la mémoire des valeureux combatants qui ont perdu la vie lors de cette déflagration mondiale. Les ouvrages d'historiens sur la conditions des comtois durant cette épreuve sont extrêmement rares. Certes la Comté ne fut pas, mis à part le Territoire de Belfort, une terre de conflit. (Petit rappel, concernant le Territoire de Belfort, il ne rejoint la Franche-Comté qu'en 1960). Elle est pourtant aux premières lignes, surtout par son industrie sensible. Alors que l'économie toute entière se met progressivement au service de la guerre, d’autant plus qu’en France, les départements du Nord industrialisé sont occupés par les Allemands : alors que la guerre s’enlise dans les tranchées, il faut transformer les usines en fabriques d’armement, dans lesquelles les femmes remplacent en partie les hommes partis au front, aux côtés des ouvriers qualifiés que l’on fait revenir dès 1915. Qu'en est il dans les départements comtois ? Avec, Peugeot et japy, notre région est au premier plan dans la transformation industrielle de guerre.
La Franche-comté devient, alors, une terre de migration. Notre province fait partie des zones dites “de grandes levées”, selon l’historien Philippe Boulanger, c’est-à-dire des régions qui ont contribué plus que d’autres, au service militaire obligatoire pendant toute la durée de la guerre. 



Pour faire face à la mobilisation de leurs ouvriers, les entreprises comtoises font appel à une main d’œuvre étrangère. C'est ainsi que de nombreux ouvriers arrivent de Chine ou du Canada.
Elle subit également une autre migration, celle des réfugiés fuyant les zones de combats. On peut évaluer le nombre des réfugiés présents dans le département du Doubs en septembre 1918, dans une fourchette comprise entre 2500 et 5000 personnes. Dans son ouvrage extrêmement bien illustré de documents anciens issus de collections privées et publiques, Jean-claude Barbeaux, s'attache avec le talent de conteur que nous lui connaissons, à retracer cette période douloureuse. Après une première partie qui dresse le portrait de notre région en 1914, il s'attarde avec pertinente sur le rôle primordiale de l'aviation lors de cette guerre. Après un chapitre sur l'industrie, la migration, notre auteur termine son ouvrage en rendant hommage à quelques comtois qui se sont particulièrement illustés. Saviez vous que le premier mort de cette tragédie était Le Caporal Jules-André Peugeot, et que le soldat qui sonna l'armistice fut le sergent Pierre Seillier, natif de Beaucourt?
Dans quelques jours nous célébrerons le 96ème anniversaire de l'armistice de 1918, cet ouvrage est la plus intelligente façon de se replonger dans le chaos qui changea la face de notre vieux continent.


La Franche-Comté pendant la Grande Guerre par Jean-Claude Barbeaux. - Editions Sutton, 2014. - 160 p. - 23 euros.

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