"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

jeudi 21 août 2008

Le bibliomane ou la monomanie du maroquin.







Charles Nodier fut avant tout libre. Changeant et multiple, c’est un homme et un écrivain insaisissable. N’écrit-il pas sur sa personne : « Je ne me ressemble pas pendant dix minutes consécutives » ? Ne recherchant aucune gloire littéraire, il va jusqu’à omettre de signer quelques uns de ses ouvrages. Connaît-on encore Nodier aujourd’hui ? Connaît-on encore cet enfant de la Révolution, élevé dans l’esprit des Lumières par un père Président du tribunal criminel du Doubs, qui l’emmène assister à des exécutions capitales, dont il gardera à jamais de terribles souvenirs ? Ces visions qui viendront hanter son œuvre.
Entomologiste, érudit, bibliophile, romancier, mémorialiste, conteur, Nodier est tout cela , et plus encore. Bibliothécaire de l’Arsenal à Paris, Nodier c’est aussi l’homme du livre et un passionné de la langue française.
Son amour pour le livre et les éditions anciennes remarquables, lui fera écrire une savoureuse nouvelle que je vous invite à lire : Le Bibliomane. Cette petite nouvelle est le savoureux portrait d’un homme qui va se faire dévorer par sa passion des livres. Théodore est tout entier posséder par sa collection d’ouvrages anciens. Plus rien ne l’intéresse : il ne parle plus, ne rit plus, ne joue plus, ne va plus au bal ni à la comédie ». Son obsession le rend malade, le coupe du monde. Plus rien ne compte que ses chers ouvrages. Il entasse et mesure « les enrichissements de sa bibliothèque par mètres carrés ». Sa vie bascule le jour où il tombe, lors d’une vente, sur un ouvrage dont il se croyait l’heureux propriétaire de l’unique exemplaire, un Virgile de 1676 sur grand papier. Non seulement il n’est plus unique mais l’ouvrage mis en vente est d’un tiers de ligne plus haut que le sien. C’en est trop pour cet homme, une fièvre « folle » s’empare de lui. Il délire, agonise et meurt.
Ne soyons pas comme Théodore, aimons les livres pour ce qu’ils nous donnent à penser et non pour le seul plaisir que procure leur matérialité.

L’amateur de livres ; suivi du Bibliomane / Charles Nodier. Le Castor Astral, 13 euros.

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