"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

mercredi 14 avril 2010

Claudel, un bourgeois conservateur.


Qui se cache derrière le Paul Claudel politique ? Quelles sont les idées qu’il a défendu toute sa vie ? C’est à ses questions que les actes du colloque organisés à Besançon tentent d’apporter des réponses.

Paul Claudel (1868-1955) est connu aujourd’hui pour ses talents de poète, dramaturge et romancier. Diplomate, il représenta les intérêts de la France en Allemagne, en Chine, aux Etats-Unis, au Brésil ou en Belgique.
Pourtant l’Académicien, souffre d’une réputation sulfureuse. Ses détracteurs ne retiennent de lui que son « Ode » au Maréchal, l’enfermement de sa sœur Camille dans un hôpital psychiatrique, sa formule assassine « La tolérance, il y a des maison pour ça… » Sa foi catholique est essentielle dans son œuvre qui chantera la création : « De même que Dieu a dit des choses qu'elles soient, le poète redit qu'elles sont. » Cette communion de Claudel avec Dieu a donné ainsi naissance à près de quatre mille pages de textes. Il y professe un véritable partenariat entre Dieu et ses créatures, dans son mystère et dans sa dramaturgie, comme par exemple dans « Le Soulier de satin » et « l’Annonce faite à Marie ». Alors qu’autour de lui les écrivains s’engagent en politique ; Charles Mauras pour l’Action Française, André Gide et Romain Rolland pour le parti communiste, Claudel ne laisse pas une image d’écrivain politique. Son attitude pendant la guerre, et son rapprochement auprès du Maréchal ont été mal compris. C’était une démarche de patriote avant tout. Mais très vite il va rompre ses liens avec le régime de Vichy, écœuré par le caractère abominable de la persécution des juifs. Claudel s’engage franchement et sans complexe du côté du général de Gaulle. Avec ses amis écrivains de droite : Bernanos, Mauriac il se révolte contre les compromissions de l'église catholique avec la droite, lors de la guerre d’Espagne.
Le colloque organisé par l’Université de Franche-Comté tente de sortir des vieux préjugés sur Claudel pour mettre en lumière l’importance de ce penseur, acteur d’une époque qui a établi les fondements de notre monde d’aujourd’hui. Parmi les intervenants venus de France, des États-Unis, du Royaume Unis, du Japon, soulignons les contributions des comtois, Robert Damien pour « Le concept de ville selon Claudel », Jacques Houriez pour « La tentation anarchiste dans les premières pièces de Claudel »et Pascal Lécroart pour « La réception de Jeanne d’Arc au Bûcher de 1940 à 1945 », professeurs et maitre de conférence à l’université de Besançon.

Saluons les éditions Aréopage pour le risque qu’elles ont pris en publiant, en région, cet ouvrage de référence sur l’un des plus grands écrivains français.

Claudel politique : textes réunis et présentés par Pascal Lécoart. Lons-le-Saunier : Éditions Aréopage, 2009. – 455 p. – 35 euros . – (Penser)

Aucun commentaire: