"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

mercredi 20 octobre 2010

Adieu Monsieur Clavel

« Je n’ai aucun goût pour le déballage, et le lecteur qui attend de moi un « Je » déshabillé perd son temps » B. Clavel 1979.


Le monde des lettres est en deuil. Le jura est triste. Bernard Clavel, l’un des plus grands écrivains populaires et humanistes français s’est éteint ce mardi 05 octobre à Grenoble. Agé de 87 ans, notre compatriote se battait, en silence depuis plusieurs années déjà, contre les séquelles d'une attaque vasculaire qui l'avait cloué au lit. Il naît à Lons-Le saunier le 29 mai 1923, dans une maison sans livres, sans eau courante, et sans électricité.
Son père est boulanger tandis que sa mère est fleuriste. Il devient apprenti pâtissier à Dole. Expérience qu’il racontera dans sa série La Grande Patience. Amoureux de l’œuvre de l’américain, Jack London il entre en littérature la trentaine passée. «J'ai longtemps vécu sans écrire, confiait-il. Mais quand ça m'a empoigné, ça ne m'a plus lâché.» Le succès et la notoriété ne le lâchera pas non plus. Il publie son premier roman: l'Ouvrier de la nuit, en 1956, roman essentiellement autobiographique, soutenu entre autre par Marcel Aymé. S’ensuivra, des romans dans lesquels son Jura tiendra une grande place : La Grande Patience (4 volumes – 1962/1968), l’Hercule sur la Place (1966, le tambour du bief (1970), Les Colonnes du ciel (5 volumes - 1976/1981), Fervent pacifiste, il dénoncera les atrocités des guerres : « Je suis un vieil homme habité par la guerre. Chaque fois que j'ai cru pouvoir m'éloigner d'elle, un événement est survenu qui l'a lancée à mes trousses. Vieux chien hargneux, elle s'accroche à moi et refuse de me lâcher » Cet engagement donne naissance à de très grands et bouleversants romans : Le silence des armes (1974) ; Les roses de Verdun (1994). Le soleil des morts (Prix des maisons de la presse, 1998) La retraite aux flambeaux (2002). Bernard Clavel a aussi marqué des générations de lecteurs par son épopée au Canada, en six volumes, «Le Royaume du Nord», qu’il a écrit après son mariage avec la romancière québécoise Josette Pratte. Ses romans sociaux La révolte à deux sous, 1992 ou ses romans consacrés au Rhône : Le Seigneur du fleuve, 1972 ; Brutus, 2001, sont tout aussi remarquables De Bernard Clavel on gardera aussi le souvenir d’un éternel et infatigable voyageur. Il déménagera plus de quarante fois : du Jura à la région parisienne, de la Belgique à l’Irlande, du Canada à la Savoie, …
Les décorations et les prix littéraires ne l’ont jamais intéressé, même s’il obtient plusieurs prix littéraire dont le prix Goncourt en 1968 pour les Fruits de l’hiver. Ce qui l’a le plus marqué dira-t-il ce sont les rencontres, qui vont lui permettre de devenir l’ami d’écrivains comme Roland Dorgelès, Hervé Bazin Jean Giono et Marcel Aymé.

Avec son œuvre, nourrie de réalisme social et ancrée dans le terroir, riche de près de 40 romans, des essais, des poèmes, Bernard Clavel aura marqué la littérature de son temps et marquera pour longtemps encore l’imaginaire des jeunes générations.

Adieu Monsieur Clavel, bucheron des lettres, comme vous a qualifié Olivier Barrot mardi soir au journal de France2, avec vos pantalons de velours et vos chemises à carreaux.

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