"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

mercredi 10 novembre 2010

Devoir de repentance ?


Joseph Barthen revient, dans un livre témoignage, sur une période douloureuse de notre pays au XXème siècle.

La littérature historique sur la guerre d’Algérie, appeler pudiquement par une certaine classe politique « d’événements d’Algérie », qui se sont déroulés de 1945 à 1962, dans ce territoire français outre méditerranée, ne manque pas. Nombreux de nos compatriotes sont partis pour sauver par les armes ce qui pouvait encore l’être, sans bien comprendre les enjeux. Bien peu d’entre eux connaissaient l’origine de la présence française et les raisons de la révolte des algériens.

Joseph Barthen passa près d’une année dans un petit village nommé Trolard-Taza, situé dans la magnifique région de l’Ouarsenis, aujourd’hui Bondj El Emir Abdelkader, petite sous –préfecture. De son séjour, il garde un amour et un profond respect pour ce peuple et n’a eu de cesse, depuis l’indépendance, de suivre l’évolution de ce pays. Le 3 décembre 2007, le président de la République française se rend en visite d’Etat à Alger, dans un climat tendu entre les deux pays. Plusieurs voix officielles, tant françaises qu’algériennes demandent à Nicolas Sarkozy de faire acte de repentance. Joseph Barthen décide de faire entendre sa modeste voix d’appelé et de français sur le sujet. Dans un petit ouvrage, l’auteur revient sur les raisons de la colonisation en général et en Afrique du Nord en particulier. Il déplore que l’on a depuis longtemps oublié que cette course aux nouveaux territoires était le fait de toutes les grandes puissances européennes, sauf des Pays-Bas. Il démontre que l’expédition de 1830 ne visait pas l’Algérie, mais la Régence d’Alger. La suite du récit est un savant mélange entre souvenirs personnels, monographie du village de Trolard-Taza et Histoire de France. Derrière l’écrivain, le notaire honoraire n’est jamais très loin. L’auteur revient sur l’histoire juridique de la propriété foncière en Algérie. Certes ces lignes peuvent paraître ardues, mais l’esprit de synthèse de l’auteur, les rend tout à fait accessible aux néophytes. La grande force de cet ouvrage est de, sans vouloir prendre partie, relater les faits, rien que les faits et ainsi de permettre au lecteur de se forger sa propre opinion sur l’idée d’une repentance de l’Etat Français. Rien n’est oublié : ni la torture, ni l’autodétermination, ni la nationalisation par l’Algérie des biens des Pieds-noirs, le non respect par l’Algérie de certains articles des accords d’Evian. Mais, l’auteur souligne également les signes d’espoir pour une Algérie libérée de ses vieux démons.
Les professeurs d’histoire seraient bien inspirés de faire lire aux lycéens et étudiants ce témoignage poignant d’un homme qui jamais n’a cesser d’aimer cette terre et ses habitants algériens ou français, otages des enjeux politiques qui pour nombreux d’entre eux les dépassèrent.

Colonialisme et Guerre d’Algérie : Propos pour la postérité / Joseph Barthen. – Editions J. Barthen, 2010. – 107 p. 17 euros.

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