"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

jeudi 18 novembre 2010

Allons au bois.


Le champignon est-il l’ami ou l’ennemi de l’homme ? La réponse est complexe, mais facilitée par la lecture de cet ouvrage passionnant.

Les feux de l’été s’éteignent. L’automne s’annonce avec son cortège d’intempéries. Pourtant certains d’entre vous l’attendent avec impatience car c’est aussi le temps des champignons.

Sur les rayons il y a pléthore d’ouvrages sur comment reconnaître ces végétaux et comment les consommer. L’originalité de l’ouvrage que publient les éditions Cabédita, est de poser la question : Quelles relations se sont tissées entre l’homme et le champignon depuis plus de 10 000 ans ? Ce dernier a laissé de très nombreuses traces dans notre quotidien, nos mythes, nos croyances, nos littératures. Pour nos ancêtres le champignon est inscrit dans leur quotidien. Il est source de survie, mais aussi source de douleur, voire dans de nombreux cas de mort. Certaines espèces ont revêtu un caractère maléfique, inexplicable à leurs yeux. L’homme les interprétera comme le signe de puissances occultes qu’il dut vénérer ou, à tout le moindre, crainte. C’est ainsi que le champignon est devenu un intermédiaire entre l’homme et ses croyances, entre l’homme et sa recherche de dieux. Dans sa première partie les auteurs s’appuyant sur des documents toujours vérifiés, font le point sur la consommation, les croyances et la science mycologique. Les auteurs ont ensuite choisi de mettre en lumières quelques champignons qui sont représentatifs des rapports entre l’homme et champignon. Avec le Bolet, nous suivons avec intérêt l’évolution de la mycologie, science nouvelle ; avec l’Amanite tue mouche, c’est la toxicologie du végétal qui est mis en avant. Si en Europe est elle considérée comme toxique, on apprend que dans certaines parties du monde, qu’elle est présentée comme une substance équivalente au vin, au brandy, ou à l’opium. Pour d’autres pays, ce champignon est l’équivalent de notre trèfle à quatre feuilles. On sera surprit d’apprendre que l’amanite ne serait pas étrangère à la construction de la mythologie liée au Père Noël. Avec l’ergot de seigle, c’est la mort qui frappe l’homme sur plusieurs siècles. Appelé le feu de Saint-Antoine, la consommation de seigle pollué par ce champignon entraîne des douleurs intenses et entraîne la mort des malheureux. Bien d’autres surprises vous attendent à la lecture de cet ouvrage tout à fait passionnant. Les auteurs ont réussi a démontrer que la mycologie pouvait aussi faire l’objet de récits passionnants, loin des ouvrages savants, trop souvent rébarbatifs

A travers cet ouvrage, se dégage toute une réflexion sur notre humanité, nos désirs de fuir le réel et de communiquer avec les dieux, notre volonté de survie, nos besoins de soigner et nos barrières culturelles et mentales.

Des champignons et des hommes, consommation, croyance et science / G. Gaudreau, A. et F.-X. Ribordy, M/ Tremblay. – Ed. Cabedita, 2010. 184 p. -25 euros.

Aucun commentaire: