"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

vendredi 14 janvier 2011

Maigret au pays des Séquanes.


Le Prix du quai des orfèvres 2011 a été attribué à un roman donc l’action se situe dans le massif jurassien.

L’originalité du prix du quai des orfèvres, décerné de puis 66 ans, réside dans son mode d’attribution. Il couronne non pas un ouvrage publié, mais un manuscrit original et anonyme, reconnu pour ses qualités littéraires et par le réalisme du déroulement de l’enquête tant du coté de la police que de la justice. Pas de guerre d’influence entre les grandes maisons d’éditions. Le jury présidé par le directeur de la police judiciaire de la Préfecture de Paris, est composé par des policiers, des magistrats et des journalistes.

Ce roman au titre alléchant « Du bois pour les cercueils » se déroule dans un petit village jurassien. Par un froid polaire, le directeur de la scierie Polybois est retrouvé un matin écrasé sous une machine. Sa tête et ses membres ne sont plus que charpie. Les gendarmes chargés de l’enquête concluent à un simple accident. Seulement quelques jours après la clôture de l’enquête le procureur de la République reçoit une lettre anonyme lui assurant que ce que l’on prend pour un accident n’est rien d’autre d’un crime maquillé. Le magistrat décide de confier l’enquête à la P.J. C’est le commissaire Gradenne, un policier à l’ancienne, qui est chargé de reprendre les investigations. Il est aidé dans sa tâche par un jeune lieutenant, sans beaucoup d’expérience, mais au flair incroyable. A peine arrivé sur les lieux, le commissaire est cloué dans sa chambre d’hôtel par une grippe assassine. Il est condamné à suivre les progrès de l’enquête depuis son lit et à faire confiance à son jeune coéquipier, Quentin Bruchet. Très vite la vraie personnalité du mort refait surface. Loin d’être un ange, ce patron, au fort caractère, respecté par tous, cachait de bien lourds secrets.

Ce roman est d’une construction très classique Le Lieutenant Quentin Bruchet , fils spirituel de Maigret de Georges Simenon et de Miss Marple d’Agatha Christie, séduit dès les premières lignes. Le suspens parfaitement construit et distillé est servit par un style simple, efficace, sobre et précis.

On peut toutefois regretter le manque de descriptions de notre massif forestier. Le seul fait de parler de saucisses de Morteau, de vin jaune, ne suffit pas pour ancrer l’histoire dans notre beau et sombre Jura hivernal. On déplore aussi que l’auteur n’ait pas pris soin de décrire avec plus de profondeur les différents personnages et surtout celui du jeune inspecteur. Quentin Bruchet, avec un peu de travail supplémentaire, pourrait devenir un personnage récurrent, dont on suivrait les enquêtes avec plaisir et délectation. Malgré ces quelques restrictions, la lecture de ce polar ravira les amateurs du genre.

Du bois pour les cercueils/Claude Ragon. – Paris, JC Lattès, 2011. – 358 p. – 8, 90 Euro

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