"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

samedi 31 août 2013

Résistance au "Mouvement vers Rome"

En cette année 1854, le diocèse de Besançon est le cadre d'une controverse cléricale. Dans son introduction, Vincent Petit, docteur en histoire tient à préciser : l'ouvrage que vous tenez n'est ni « une histoire religieuse de la Franche-Comté » ni « une histoire du diocèse de Besançon au XIXème » mais « une étude de cas sur le sentiment d'appartenance régionale ». En 1830 le jeune Prosper Guéranger, mennaisien et futur restaurateur de l’ordre bénédictin, expose une grande aspiration: le « mouvement vers Rome ». Il milite ardemment à l'unité liturgique autour du Pape, unité qui renforcerait de fait la primauté spirituelle et juridictionnelle du Saint Père. Si entre 1845 et 1860, cinquante et un diocèses abandonne la liturgie diocésaine pour la liturgie romaine, en revanche, Mgr Dupanloup à Orléans, Mgr Mathieu à Besançon et Mgr Darboy à Paris se montrent les ultimes défenseurs des liturgies particulières.A Besançon, la controverse menée par un groupe de prêtres très favorable au mouvement vers Rome, enfle et quitte les cloîtres et les églises et descend dans la rue. Entre 1856 et 1874 paraîtront 25 livres et brochures , sans compter les articles de presse, pour fustiger l’attentisme de l’archevêque . Les plus ouvertement hostiles au cardinal sont les chanoines Thiebaud et Denizot et les abbés Maire et Busson. Mgr Césaire Mathieu, gallican modéré, nommé archevêque de Besançon en 1834, cardinal en 1850, est un prince de l'église soucieux de son autorité, qui entend ne céder à aucune pression, qu’elle vienne de la Curie ou de son clergé. Il veut contrôler le processus d’unité liturgique dans les moindres détails. Il obtient de Rome la garantie de conserver une version diocésaine de chant grégorien et négocie longuement un supplément pour les dévotions locales (saint Mainboeuf, saints Féréols et Ferjeux, saint Donat, saint Lin, sainte Victoire, sainte Philomène, …. ). Il trouve en les abbés Richard, Boissy, Suchet et Besson de solides soutiens. Pour ces hommes d’église, il s'agit de militer pour le retour à la liturgie des Grammont datant du XVIIème siècle, Le cardinal rend les armes. En 1874, Mgr Mathieu annonce le passage du diocèse de Besançon au rite romain. En 1882, Besson, devenu évêque de Nîmes, publie une biographie du cardinal Mathieu en deux volumes. L’abbé Bergier publie alors un « Supplément », nettement moins flatteur, et deux autres auteurs, restés anonymes, rédigent de véritables brûlots, en dénonçant un évêque gallican, despotique et vénal. Chaque camp usera de l'édition pour faire valoir leur point de vue. C'est ainsi qu'une importante littérature paraît entre 1840 et 1874. En exploitant cette grande masse de documents que Vincent Petit signe un ouvrage remarquable sur la naissance de l’identité catholique comtoise dans la France post-révolutionnaire . Catholiques et comtois/ Vincent Petit. - Editions Cerf. - 708 p. - 44 euros Chronique publiée dans LA Voix du Jura datée du 29 août 2013

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