"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

mardi 20 mai 2008

Quand les livres brulent


« Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler les hommes » Heinrich Heine.

La chronique de cette semaine n’est pas consacrée à un ouvrage comtois, mais à un livre qui questionnera tous les amoureux des livres.
En 2003, Fernando Baez, essayiste et poète vénézuélien, part en Irak comme membre de commissions d’étude sur la destruction des musées et des bibliothèques dans ce pays ravagé par la guerre.
Depuis que l’écriture existe, l’homme n’a cessé de vouloir détruire les supports où elle s’exprimait.. De ce constat tragique, Fernando Baez a tiré un essai érudit et en tous points passionnant. De l’antiquité avec la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, à celle de Sarajevo en 1992, les bibliothèques ont de tous temps été des cibles de la folie destructrice de l’homme. Pourquoi ? Elles ne sont pas pourtant des objectifs militaires. La raison en est simple et effroyable. Pour les acteurs de ces destructions, faire disparaître les livres, c’est effacer une mémoire, une histoire, autrement dit l’identité d’un peuple. A la lecture de l’ouvrage , on apprend que cette volonté d’effacer une mémoire remonte loin dans notre histoire universelle. Le pharaon Akhenaton, par exemple, ferra brûler tous les livres religieux antérieur à son règne. On apprendra également que Platon, eh oui le grand Platon tenta d’en faire de même avec les ouvrages de Démocrite. Mais dans la destruction des livres, tout n’est pas de la faute de l’homme. C’est sans compter sur les catastrophes naturelles, les insectes, l’appétit dévorant des souris, la qualité des supports et l’usure du temps.
Jetez-vous, sans attendre, dans la lecture de ce livre, bien construit, sérieux, précis, passionnant de bout en bout, écrit par un auteur qui a vu, enfant, ses livres emportés par la crue d’un affluent de l’Orénoque.

Histoire universelle de la destruction des livres par Fernando Baez. Editions Fayard, 527 p.. 28 €uros.

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