"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

mardi 24 février 2009

Itinéraires contraires.


Dans un Lons-le-Saunier, secoué par les soubresauts de l’histoire, deux destins croisés s’achèvent dans la misère morale et sociale.


Lons-le-Saunier 1954. Alors qu’elle attend son mari, Jean, partit animer une réunion syndicale, Paule, à quelques semaine d’accoucher est prise d’un malaise en remontant de chez la voisine. Transportée d’urgence à l’hôpital, les médecins ne peuvent la sauver. Et voici que Jean se retrouve seul avec son enfant : Aubin. Louise, la voisine, mère de Titou âgé de quelques mois, propose de prendre Aubin en nourrice. Et c’est ainsi les deux enfants vont grandir comme deux jumeaux. Seulement ils sont bien différents. L’un est curieux et volontaire, l’autre et rêveur et s’intéresse plus aux mouches qu’aux mathématiques. Leur parcours scolaire est très différent. Si l’un rafle tout les prix, l’autre intègre en tant qu’élève en réelles difficultés les Classes de Fin d’Etudes Primaires. Arrivent les événements de Mai 68. Titou, du haut de ses 14 ans se passionne pour ce bouillonnement de la rue. Il suit Jean, son père adoptif. Il est de toutes les manifestations. Il comprend qu’il doit consacrer sa vie à la défense des ouvriers. Il en oublie son Certfif. Il ne sera pas diplômé, qu’est-ce que cela peut faire ? Après un passage dans la charcuterie du père Labille, où les mathématiques le rattrapent, il entre dans la grosse usine agro-alimentaire de la ville. Et Aubin pendant ce temps ? Son parcours est un long fleuve tranquille. Tout lui réussit. Etudes secondaires brillantes, Université, DEUG, Maitrise. Après son service militaire, il obtient le statut de chercheur. Son domaine : L’évolution sociale en France au 19ème. Et puis le temps des épreuves arrive. Jean meurt suivi quelques mois plus tard dans la tombe par Louise. Aubin ne reviens plus à Lons-le Saunier, laissant son «frère » dans la solitude. Titou se referme sur lui-même. Seul ses activités syndicales le tirent encore hors de chez lui. Mais pour combien de temps encore.

Henri Jeunot a écrit un roman noir avec une fin sans concession pour notre époque. On s’attache aux personnages et en particulier à Titou, enfant et homme fragile. Ce roman est aussi une belle évocation de Lons-le-Saunier des années 50-80.


Ombres d’un autre siècle par Henri Jeunot. – Edilivre, 2008. – 17 euros.

Chronique publiée dans la Voix du Jura N° 3352 du 19 février 2009.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai bien retrouvé votre article et je vous en remercie.
Il est très fidèle à la lettre et à l'esprit du livre, et je vous en suis reconnaissant.
D'autre part, vous avez réussi à en résumer l'essentiel en trois demi-colonnes, ce qui relève de l'exploit, tout en préservant la surprise de la chute : c'est un exercice dont je suis incapable et je vous en remercie bien vivement.
Je vous indique que j'ai déjà écrit huit romans : certains, comme "Ombres d'un autre siècle" sont de pure veine sociale, d'autres sont de pure fiction, enfin l'un est une autobiographie très romancée. La plupart trouvent leur décor à Lons le Saunier ou dans le Haut Jura.
Accepteriez-vous de commenter encore l'un d'eux et, si oui, quel genre préférez-vous : humour, suspense, social et historique, fiction pure ?
Encore une fois merci pour la qualité de votre lecture et de votre retranscription.
Très cordialement à vous.