"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

jeudi 5 mars 2009

Un nouveau regard sur l’Histoire.


L’historien qui meurt à Saint-Amour en ce 26 septembre 1956 révolutionna la façon d’appréhender et d’écrire l’histoire.
Né à Nancy le 22 juillet 1878, Lucien Febvre, issu d’une famille comtoise , intègre l’Ecole normale supérieure en 1899, après une année de service militaire. Nommé en 1912 professeur à la Faculté de Dijon, il y enseigne l’histoire et l’art de la Bourgogne. Après la Première Guerre Mondiale, il obtient une Chaire d’Histoire moderne à la Faculté de Strasbourg, . En 1933, il est nommé au collège de France et rencontre Marc Bloch, avec qui il va fonder l’Ecole des Annales, école qui va révolutionner la façon d’aborder l’histoire. Il refuse « l'histoire historisante ». Il demande à ses disciples d’entreprendre des chantiers inédits : histoire de l’alimentation, de la mort, de l’amour… Après la guerre, patron et fondateur de la VIe section de l’Ecole pratique des hautes études, il assume de nombreuses responsabilités officielles et prestigieuses (UNESCO, Académie des sciences morales et politiques, direction des Cahiers de l'Histoire mondiale ....)
Pour Lucien Febvre l’histoire doit s’inscrire dans le champ des sciences sociales, en brisant l’esprit de spécialité. Il prône la pluridisciplinarité, les échanges entre chercheurs. Son projet est celui d'une histoire « totale », sorte de carrefour scientifique de toutes les sciences humaines, apportant une connaissance globale de la réalité du passé. Il refuse ainsi de concevoir l’histoire comme l’enregistrement d’une suite d’événements à partir des seuls documents écrits.
Les éditions Robert Lafont et Armand Colin, ont eu la très bonne idée de rassembler dans la collection Bouquins, les écrits majeurs de l’historien Franc-Comtois, à propos duquel le romancier Léon Werth, son voisin à Saint Amour, écrivait « Je l’ai vu extraire de vieilles pierres, la vie. »
Dans cet ouvrage, outre l’intérêt de relire et de retrouver la philosophie de Febvre, le plaisir réside aussi dans la lecture un chapitre particulièrement émouvant dans lequel Henri nous raconte son père au quotidien, intitulé : Mon père Lucien Febvre.

Lucien Febvre : vivre l’histoire. Edition établie par Brigitte Mazon et préfacée par Bertrand Müller. Editions R.Lafont/A.Colin. Collection Bouquins. 1105 p. - 30 euros.


Chronique publiée dans La VOIX du JURA n°3353 daté du 26 février 2009

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