"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

lundi 26 avril 2010

Un village du Revermont.



Situé dans un site naturel remarquable, au bord d’une des plus belles reculées du massif du Jura, ce village a connu les déboires d’une paroisse placée aux premières loges pour subir de plein fouet les exactions des Bressans, des Comtois, des Français, des Espagnols.
Tour à tour sujets des sires de Thoire Villars, des ducs de Savoie et des rois de France, les habitants n’ont pas été épargnés par les épreuves des guerres et des batailles intestines qui secouèrent la région entre les prétentions territoriales de la France et les guerres des seigneurs locaux se disputant la possession de son territoire et sa position stratégique.
L’occupation humaine de Corveissiat à la préhistoire est attestée par la découverte, lors de la construction de la route de Thoirette, en 1871, d’un tumulus de l’âge de pierre. Les restes de huit individus, une plaque de ceinture de bronze et des bracelets ont été mis à jour. Si la présence romaine sur le territoire n’a laissé aucune trace, l’implantation des burgondes est prouvée par de nombreuses tombes et cimetières tout autour de Corveissiat, à Arnans, Aromas, Cize, Ramasse, Ceffia…C’est l’abbaye de Saint-Oyent de Joux (St Claude) qui est à l’origine de l’évangélisation de toute la région et de la création de la paroisse de Saint-Maurice-Corveissiat. Comme beaucoup de village, Corveissiat fut la possession de diverses familles plus au moins importantes, avant d’être rattaché, au royaume de France. En raison de cette appartenance, ce village sera au cœur de la guerre que se livrèrent les comtois et les Bressans entre 1637 et 1639. Son sol sera le théâtre d’une guerre sans merci entre le Baron d’Arnans et les faucheurs bressans du cardinal. Aux siècles suivants, l’histoire de ce village se confond avec l’histoire de France et l’histoire des milliers d’autres communes. Véritable nœud de communications nord-sud et est-ouest, l’Ain fut le cadre d’une lutte sanglante entre Résistance et la Wehrmacht. Les environs de Corveissiat offrent l’avantage d’un repaire assez sur et un camp regroupant les réfractaires du STO et les volontaires de la Résistance s’installe. Entre autres exploits, les maquisards du camp, avec d’autres groupes, attaquèrent en juin 1944, la gare de Bourg, mettant hors d’usage les dix-huit locomotives et la plaque tournante.
Pierre Graff, éperdument amoureux de ce village qu’il découvre à 8 ans, en retrace l’histoire avec la verve d’un passionné et la rigueur d’un historien. Les documents iconographiques sont judicieusement choisis et les chapitres courts mais denses nous font revivre la vie telle qu’elle pouvait l’être lorsque l’on avait eu la malchance de vivre dans un village coincé entre plusieurs nations.
Corveissiat : un village à part au-dessus de l’Ain / Pierre Graff. – Musnier-Gilbert éditions, 2009. – 204 p. – 29 euros.

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